Thu, 16 ans, vient de quitter Thien An après y avoir passé sept années de sa vie. Thu n’a plus de place à Thien An et sa grand-mère peut enfin la reprendre parce qu’elle a pu économiser suffisamment pour l’héberger.
En 2005, ses parents disparaissent, Thu n’a plus que sa grand-mère pour s’occuper d’elle. Mais celle-ci n’est pas riche. Elle a encore deux fils à élever et son maigre salaire de manutentionnaire sur les chantiers ne lui permet pas de prendre en charge sa petite fille. Thu est alors placée à Thien An à l’âge de 8 ans.
Logée, blanchie, nourrie, elle peut aussi et surtout aller à l’école.
A l’orphelinat, elle partage la vie d’une grande famille avec sa chaleur, ses joies mais aussi les manques, la souffrance et la violence des autres enfants tourmentés par les blessures de leur jeune vie.
De temps en temps, elle retrouve sa grand-mère et la permanence de ce lien lui permet de canaliser ses émotions, de réfléchir à ses priorités et de se construire doucement.
A la rentrée de septembre, elle entre en classe dix, ce qui correspond à la seconde en France. Maintenant qu’elle habite avec sa grand-mère, elle doit faire environ une heure de vélo matin et soir pour aller à son ancienne école. Mais elle ne quitterait pour rien au monde ses amies d’école dont certaines sont encore à Thien An.
Sa nouvelle maison n’est pas si luxueuse mais elle y vit avec sa vraie famille. Après avoir quitté les grandes rues bruyantes et lumineuses du centre de Can Tho, on emprunte une succession de petites ruelles sombres et parfois insalubres pour arriver devant un grand portail. Une fois le portail franchi, on se trouve devant un grand bâtiment constitué d’une enfilade de petites pièces destinées à la location de familles modestes. Derrière ce bâtiment, un terrain planté de quelques arbres fruitiers, longé d’une roubine, se termine sur une étonnante construction en tôle ondulée. C’est la nouvelle maison de Thu et de sa grand-mère. Le mur porteur en dur est celui de la maison du terrain d’à côté sur lequel trois cloisons et un toit en tôle ont été fixés. Le sol est recouvert d’un carrelage inhomogène et chaotique qui permet à Thu et à sa grand-mère d’y étendre deux nattes en paille pour y dormir, la nuit venue. Une toute petite pièce servant de coin toilette est ouverte sur une modeste cuisine constituée d’un point d’eau jouxtant un gril pour la cuisson des aliments. Même avec un toit en tôle, quand il pleut trop, il est certain que l’intérieur ne reste pas sec.
Malgré l’impression de pauvreté qui nous saisit, l’endroit est très propre. Thu et sa grand-mère nous y accueillent avec des immenses sourires et une délicatesse extrême.
Nous aimerions tellement l’aider à financer la suite de ses études et lui permettre d’accéder à un avenir meilleur.
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